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Tribune : Pour une stratégie européenne des forêts en faveur de la biodiversité

Le Réseau pour les Alternatives Forestières est signataire de la tribune :

Pour une stratégie européenne des forêts en faveur de la biodiversité

Nous avons une occasion historique de faire entendre notre voix, ne la laissons pas passer. La commission européenne travaille actuellement sur une stratégie européenne pour les forêts. Le brouillon a fuité et a provoqué une levée de boucliers d’une partie de la filière car pour la première fois, il est proposé de construire une politique forestière s’appuyant sur la biodiversité pour concilier l’ensemble des enjeux.

Avec l’appui de personnalités importantes du monde forestier, aux sensibilités différentes, comme Christian Barthod (ex-Ministère de l’Agriculture), Evrard de Turckheim (Pro Silva), Sylvain Angerand (Canopée), Philippe Gourmain (experts forestiers de France), des scientifiques et des associatifs, nous voulons faire entendre une autre voix pour soutenir ces propositions qui vont dans le bon sens, et qui pourront ensuite être consolidées par le débat public contradictoire dans les prochains mois.

Cette tribune a déjà le soutien de plus de 1000 acteurs de la filière forêt-bois : propriétaire, gestionnaire, exploitant, entreprise travaux forestier, transformateur, professeur, administration, collectivité territoriale, scientifique, associatif…

Texte de la tribune :

La forêt est à la croisée des chemins. Au carrefour des enjeux climatiques et de préservation de la biodiversité, face à des attentes sociétales toujours plus fortes, nous sommes face à un choix : intégrer pleinement ces enjeux pour redéfinir une économie forestière plus juste et plus soutenable ou les ignorer, et prendre le risque d’enfermer la filière forêt-bois dans une impasse.

Ce choix se joue au niveau européen. Dans la foulée des élections européennes, la commission s’est engagée à réviser l’ensemble de ses politiques dans le cadre d’un Green Deal européen. Des premiers éléments du texte concernant une future stratégie européenne sur les forêts ont commencé à circuler.

Nous, scientifiques, acteurs de la filière forêt-bois et associatifs, voulons également faire entendre notre voix et expliquer pourquoi il nous semble que le texte de la commission va globalement dans le bon sens.

La force des orientations proposées par la commission est d’ancrer la forêt dans une stratégie plus large sur la biodiversité. Le débat sur la forêt se limite en effet trop souvent à une approche quantitative : oui, la surface forestière gagne du terrain en Europe, mais cet indicateur est insuffisant. La très large majorité des plantations qui sont actuellement réalisées sont peu diversifiées, quand elles ne sont pas monospécifiques. Malgré l’engagement international de l’Europe dans le cadre de la Convention sur la Diversité Biologique, les politiques publiques mises en œuvre n’ont pas réussi à enrayer l’érosion de la biodiversité ou à restaurer la qualité de nos écosystèmes. Si cette érosion est particulièrement forte dans les milieux agricoles, la forêt ne fait pas exception : d’après la dernière évaluation effectuée dans le cadre de la directive habitats-faune-flore, plus de trois habitats forestiers suivis sur quatre sont dans un état de conservation défavorable.

Pourtant, les études scientifiques convergent sur un point : en général, plus une forêt est riche en biodiversité, plus un peuplement d’arbres est mélangé, plus il est stable, résilient, et productif. Maintenir ou restaurer des forêts riches en biodiversité est sans doute la stratégie la plus efficace pour adapter ces écosystèmes aux changements climatiques et pour absorber du carbone.

Le projet de la commission ne signifie pas une forêt tout entière dédiée à la seule biodiversité et aux loisirs, il est compatible avec ceux qui pensent que la production de bois est une activité noble, et que le bois peut être une réponse moderne aux nouveaux défis de nos sociétés.

La biodiversité
n’est pas un enjeu qui se limite aux seules aires protégées : elle doit être au cœur de la gestion forestière. Les bonnes pratiques sylvicoles sont connues et mises en œuvre depuis des années par des forestiers de terrain. Ces pratiques permettent non seulement d’améliorer le stockage de carbone en forêt, d’adapter la forêt à un climat qui change, de protéger les sols, d’avoir des forêts plus riches en biodiversité mais également de produire des bois de qualité pour des usages de long terme comme la construction. Enfin, certaines méthode de gestion forestière en évitant la modification brutale des paysages, sont beaucoup mieux acceptées socialement.

Pour enfin intégrer l’ensemble de ces enjeux, nous avons besoin d’une vision fédératrice et enthousiasmante de la forêt s’appuyant sur un nouveau contrat de société entre les forestiers et les citoyens. C’est parce qu’il nous semble que les premières orientations proposées par la commission européenne vont dans ce sens que nous les soutenons et que nous appelons à la concrétisation d’une stratégie européenne ambitieuse pour les forêts.

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