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Coupes rases en forêt : comment s’en passer ?
Souvent présentée par ses défenseurs comme gage d’efficacité économique, la méthode de récolte par coupe rase est vue par ses détracteurs comme symptôme la subordination de la forêt aux impératifs industriels ou à des objectifs de gain à court terme.
Dans les Cévennes autant sinon plus qu’ailleurs, les coupes rases ont souvent de nombreux impacts environnementaux directs : mise à nu et tassement des sols, perte de biodiversité. Elles occasionnent également des dégâts collatéraux en termes de qualité paysagère et d’attractivité résidentielle et touristique. Les coupes rases sont aussi associées à l’hyper-mécanisation, elle-même génératrice de dégâts, aussi bien sur les sols que sur les dessertes.
Or ces dégâts interpellent fortement le citoyen, car si une sylviculture réussie est une affaire d’experts, aucune compétence particulière n’est requise pour constater et déplorer les dégradations et la laideur occasionnées par les coupes rases.
L’ambition gouvernementale d’ « excellence environnementale » implique-t-elle donc de se détourner des coupes rases ? Une préconisation émise en 2015 par le Conseil Général et les institutionnels de la forêt en Ardèche va dans ce sens : "la mise en place de pratiques sylvicoles adaptées avec des éclaircies successives est à préférer aux coupes rases" … [la coupe rase] "ne devrait être réalisée qu’après une analyse technique et économique objective".
Pour le reste, l’encadrement réglementaire actuel (seuils de surface coupées déclenchant demande d’autorisation préfectorale, obligations de reboisement etc) est notoirement insuffisant. Comment, dans ces conditions, faire évoluer la législation pour instaurer un contrôle effectif qui limiterait strictement les coupes rases ? La loi pourrait-elle prévoir par exemple la possibilité qu’un territoire donné (un Parc Naturel Régional par exemple) puisse décider de leur interdiction complète ?
Comment fonctionnerait la filière forêt-bois dans un territoire qui, comme c’est le cas par exemple en Suisse, aurait interdit la coupe rase ? Comment, sous une telle contrainte, seraient amenées à évoluer les techniques d’exploitation ? Quels compromis, par exemple, pour concilier une sylviculture basée sur la régénération naturelle des peuplements avec un degré de « mécanisation raisonnée » des techniques de récolte ? Comment les alternatives à l’exploitation en coupe rase peuvent s’inscrire dans une gestion patrimoniale de la forêt, avec des perspectives de valorisation économique ?