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Filières locales : quelles recettes pour construire du local ?
Il y a un parallèle flagrant entre le modèle de l’agriculture industrielle et celui de l’approche productiviste de la gestion et l’exploitation forestières. Le concept de la filière forêt-bois locale, respectueuse de l’environnement, de l’économie et du tissu social locaux, s’impose donc facilement à l’esprit comme pendant à peu près exact de l’agriculture biologique en circuits courts.
Pour autant, personne ne tient à la disposition des acteurs locaux (professionnels, élus, société civile) un « livre de cuisine » pour construire du « local » : soutenir et faire aboutir les projets territoriaux de filière bois locale, y compris les initiatives de valorisation en bois d’oeuvre, reste aujourd’hui un sérieux défi collectif.
En la matière, le milieu politico-institutionnel dispose d’un pouvoir décisionnaire, d’un certain nombre de ressources et de moyens d’action, mais son interventionnisme semble s’auto-limiter lorsqu’il s’agit de la personnalisation et la prise en compte de la dimension humaine des projets de filière. Or une filière locale, ce sont avant tout des gens qui essaient de fonctionner ensemble.
De son côté, la société civile, notamment dans les initiatives d’économie sociale et solidaire, semble plus immédiatement apte à susciter les initiatives concrètes, mais n’a pas forcément les ressources pour les porter à la bonne échelle, les faire aboutir dans la durée, puis les faire essaimer. En particulier, le financement des investissements initiaux reste une pierre d’achoppement majeure.
Financements d’amorçage, incitations directes, répartition du risque lié à l’environnement économique et aux aléas de la conjoncture, partenariats public-privé, positionnement des collectivités comme « consomm’acteurs » locaux… comment articuler les efforts de la société civile avec ceux du milieu institutionnel et des collectivités territoriales ?
Puis comment créer, à partir d’initiatives locales à petite échelle, l’effet de masse suffisant pour extraire l’ensemble d’un secteur d’activité territoriale, ici la filière forêt-bois cévenole, de l’emprise imposée par les logiques de l’économie extractiviste mondialisée ?
Par quelles approches, enfin, susciter la patiente (re-)construction du tissu social de proximité indispensable à une économie localisée ? Comment développer la nécessaire transversalité, la mise en rapport, la mise en lien systématique de l’ensemble des politiques et initiatives de développement local ?